
Le GASP, c’est quoi ? Savoir reconnaître ce signe vital lors d’un arrêt cardiaque
Lorsqu’une personne est victime d’un arrêt cardiaque, chaque seconde compte. La capacité à reconnaître les signes d’un arrêt circulatoire est cruciale pour initier une intervention de secours rapide. Parmi ces signes, le GASP est l’un des plus trompeurs et pourtant les plus critiques. Il peut donner l’illusion que la victime respire encore, alors qu’elle est en arrêt cardiaque. Ce phénomène, encore peu connu du grand public, doit être identifié sans ambiguïté pour déclencher au plus vite une réanimation cardio-pulmonaire (RCP).
Alors, qu’est-ce que le GASP, pourquoi survient-il, et que faire lorsque vous êtes témoin d’une personne inconsciente qui semble respirer anormalement ? Dans cet article, nous vous aidons à tout comprendre pour réagir efficacement et potentiellement sauver une vie.
C’est quoi un GASP ?
Le mot GASP provient de l’anglais et signifie halètement ou soupir. En médecine d’urgence, il désigne ce qu’on appelle une respiration agonique. Ce type de respiration survient fréquemment dans les premières minutes suivant un arrêt cardiaque. Il s’agit d’un phénomène réflexe, produit par le cerveau lorsque celui-ci est privé d’oxygène.
Le GASP ne doit en aucun cas être considéré comme une respiration normale. C’est une tentative désespérée du cerveau pour réactiver la respiration par le biais de signaux nerveux envoyés aux muscles respiratoires. Le résultat : une respiration lente, bruyante, irrégulière et inefficace. Elle ne permet pas aux poumons de réaliser un véritable échange gazeux, ce qui signifie que le sang n’est plus oxygéné, et les organes, en particulier le cerveau, continuent de souffrir.
Selon plusieurs études scientifiques, le GASP est observé dans environ 40 % des cas d’arrêt cardiaque. Ce chiffre montre à quel point il est courant, mais aussi à quel point il peut être trompeur : de nombreuses personnes interprètent à tort ces mouvements comme une respiration normale, ce qui retarde l’appel aux secours ou le démarrage d’un massage cardiaque. Ce retard peut être fatal.
Qu’est-ce qu’une respiration agonique ?
La respiration agonique est un réflexe neurologique généré par le tronc cérébral, zone du cerveau responsable des fonctions vitales automatiques (respiration, rythme cardiaque, vigilance, etc.). Lors d’un arrêt cardiaque, le cœur cesse de pomper le sang, et donc d’oxygéner les organes. Le cerveau, extrêmement sensible à l’hypoxie (manque d’oxygène), commence à souffrir dès les premières secondes. En réaction, il envoie un ultime signal : tenter de respirer à tout prix.
Ce réflexe génère une respiration totalement inefficace, mais spectaculaire :
- Inspirations profondes, comme des halètements,
- Sons rauques, parfois sifflants,
- Mouvements thoraciques amples, mais irréguliers,
- Pauses longues entre les respirations.
Cette respiration peut durer quelques secondes à quelques minutes, mais elle ne signifie pas que la victime est vivante. C’est une réaction automatique du cerveau mourant. Elle est souvent accompagnée d’autres signes vitaux très inquiétants :
- Perte de conscience totale,
- Absence de pouls palpable,
- Cyanose : coloration bleutée des lèvres ou du visage,
- Hypothermie rapide.
Comment reconnaître le GASP ?
Il est essentiel de savoir faire la différence entre une respiration normale et un GASP, car cette distinction conditionne la mise en route de la chaîne de secours.
Voici un tableau comparatif pour vous aider à identifier une respiration agonique :
Critère | GASP | Respiration normale |
---|---|---|
Fréquence | Très lente : 2 à 4 cycles par minute, ou moins | 12 à 20 cycles par minute chez un adulte |
Rythme | Irrégulier, avec longues pauses | Régulier, fluide, sans coupure |
Bruit | Bruyant, rauque, sifflant | Silencieux ou très léger |
Mouvement | Ample, désordonné, exagéré | Discret, thorax qui se soulève modérément |
Efficacité | Inefficace : ne permet pas d’oxygéner le corps | Efficace : permet l’échange air/sang |
👉 Important : Si la personne est inconsciente et présente ce type de respiration, elle est en arrêt cardiaque.
Pourquoi le GASP survient-il ?
Le GASP survient en réponse à l’absence de circulation sanguine. Voici ce qui se passe lors d’un arrêt cardiaque :
- Le cœur cesse de battre, ou bat de manière anarchique (fibrillation ventriculaire).
- Le sang n’est plus propulsé vers les organes, et surtout vers le cerveau.
- En manque d’oxygène, le cerveau tente de réactiver la respiration en envoyant un signal aux muscles respiratoires.
- Cette tentative produit le GASP, une respiration agonique, totalement inefficace, qui ne permet pas de survivre sans aide extérieure.
En clair, le GASP est un signal d’alarme extrême. Il traduit un état d’agonie neurologique. Il ne faut pas attendre que cela passe car il faut agir immédiatement.
GASP et arrêt cardiaque : que faire ?
Le GASP est un indicateur d’arrêt cardiaque imminent ou en cours. Si vous êtes témoin de ce phénomène, n’attendez pas qu’il s’arrête. La personne est en détresse vitale.
Voici les gestes de secours à appliquer sans délai :
- Vérifiez la conscience : pas de réaction au toucher ou à la voix.
- Appelez immédiatement les secours : 15 (SAMU) ou 112 (numéro d’urgence européen). Voir notre article sur les numéros d’urgence en France
- Commencez une Réanimation Cardio-Pulmonaire (RCP) :
- 30 compressions thoraciques profondes et rapides (100 à 120/min),
- 2 insufflations si vous êtes formé·e (sinon, continuez uniquement les compressions) et alternez les séries.
- Utilisez un défibrillateur (DAE) si disponible. Ouvrez-le, posez les électrodes et suivez les instructions vocales.
💡 Chaque minute sans RCP diminue les chances de survie de 7 à 10 %. Après 5 minutes sans intervention, les lésions cérébrales sont déjà sévères.
En cas de doute : agissez !
Le GASP peut induire en erreur. Il peut ressembler à un soupir de soulagement, ou à une tentative de reprendre sa respiration. Pourtant, ce n’est pas une respiration normale.
Règle d’or : si la personne est inconsciente, respire anormalement et ne répond pas, considérez qu’elle est en arrêt cardiaque. Vous ne risquez rien à commencer un massage cardiaque, mais l’inaction peut coûter la vie à la victime.
Se former au secourisme : un devoir citoyen
Reconnaître un GASP, réaliser un massage cardiaque efficace, utiliser un DAE… tout cela s’apprend. En France, toutes les entreprises sont invitées à proposer des formations comme le Sauveteur Secouriste du Travail (SST).
Pendant la formation SST, vous apprendrez à :
- Identifier une situation d’arrêt cardiaque,
- Reconnaître les signes de détresse vitale (dont le GASP),
- Réaliser une RCP efficace,
- Utiliser un défibrillateur en toute sécurité,
- Réagir face à d’autres urgences (étouffement, hémorragie, perte de connaissance, etc.).
En résumé : ce qu’il faut retenir
- Le GASP est un signe de mort imminente, pas une respiration normale.
- Il est présent dans environ 40 % des arrêts cardiaques.
- Il est bruyant, irrégulier, inefficace et spectaculaire.
- Si vous le voyez : appelez les secours et commencez une RCP.
- En cas de doute : MASSEZ !
- Formez-vous pour reconnaître et intervenir efficacement.
🧡 Le GASP, c’est un cri silencieux du cerveau en train de mourir. Apprenez à l’identifier. N’attendez pas. Réagissez. Formez-vous. Vous pouvez sauver une vie.
Ressources complémentaires :